Les citations autour de la raclette

La raclette, plus qu'un simple plat, est une expérience. Un rituel de partage, de convivialité de faim, et de (soyons honnêtes) grand appétit. Mais au-delà du fromage fondu et des patates, la raclette possède une histoire riche, parsemée de citations autour de la raclette et de références qui témoignent de son ancrage dans la culture valaisanne. Plongeons au fond de cette histoire savoureuse, à la recherche d'une sélection de toutes les citations et discours qui ont façonné la légende de la raclette.

Aux racines du goût : le "vatusique" romain

Si Pline l’Ancien n'a pas laissé de citation directe sur la façon dont le "vatusique", ancêtre du fromage alpin, était consommé, son existence témoigne d'une tradition fromagère riche dans la région des Alpes Graies et Pennines. Cette reconnaissance de la qualité des fromages de la région est un premier pas dans l'histoire de notre plat préféré.

XVIe siècle : la première citation écrite

C'est à Gaspard Ambuel, dit Collinus, médecin valaisan, que nous devons la première définition de raclette. En 1574, il décrit comment les Valaisans faisaient "rôtir du fromage" lors de cures aux eaux d’Augstbord (Valais, Suisse).

La citation clé :

« Tous les jours, une foule de gens afflue à cet endroit, nommé "Augstport" ; on y prépare un feu à l’aide de rameaux entassés de roses des Alpes (rhododendrons), car en ce lieu, on ne trouve aucune autre espèce d’arbrisseaux ou d’arbres. On s'assoit, on tire de son petit sac ou de sa besace quelques provisions, chacun selon ses moyens et l’on fait fondre des fromages savoureux, gras doux et tendres, à l’âpre saveur... » (Collinus, 1574)

Cette citation de raclette nous plonge au cœur des origines, où le repas se transformait en rituel de bien-être.

Grégoire Ghika, l’ancien archiviste cantonal, développe le texte d'Ambuel et traduit :

« Ils font rôtir de vieux fromages durs, gras et même mous, ou du vieux séré qu’ils arrosent de grandes quantités d’eau de la source, affirmant qu’ils n’en sont jamais saturés. »

XVIIIe et XIXe siècles : la raclette prend de l'importance

L'abbé Clément, en 1768, évoque "l'abus de fromage rôti", un besoin chez les Valaisans. Schiner, au début du XIXe siècle, décrit le fromage rôti servi lors des repas d'enterrement et de mariage. Ces mentions témoignent de la place grandissante du fromage dans les traditions locales. On est loin du régime !

Schiner ajoute :

« En Anniviers, les personnes mariées vivent frugalement pendant tout le temps, pour pouvoir bien faire enterrer les leurs, car ils donnent le bon vin, des bouillis, des rôtis ; on commence le repas par le fromage rôti, on le finit de même... »

L'émergence du terme "raclette" : petite retrospective

Si la pratique était courante, le terme "raclette" apparaît plus tardivement. En 1874, Eugène Rambert associe le nom à la pratique :

« Si vous m’en croyez, gourmets délicats, vous irez à Sion au temps de la râclette ; les fromages sont descendus de la montagne, on en prend un, gras et fait à point, c’est à bien choisir qu’on se connaît le talent, puis on le coupe en deux moitiés égales dont on promène la tranche sur un large brasier. Quand elle est bien dorée, bien rousse, bien fondante, en pleine ébullition, on la racle d’un coup rapide de lame de couteau, l’on étend tout ce que le couteau a enlevé et voilà la râclette. Chose toute simple et toute exquise... » (Eugène Rambert, 1888)

Rambert décrit en détail la préparation et la dégustation de la raclette, soulignant son caractère festif, comme une récompense. Cette phrase sur la raclette est un appel à la gourmandise.

Il poursuit :

« Prenez un bloc erratique pour foyer, groupez tout à l’entour, à l’ombre des mélèzes, la plus aimable société : des jeunes filles... Prenez pour cuisinier les deux plus vaillants garçons, que chacun ait son brasier et son demi-fromage : servez chaud, mangez chaud ; faites circuler un vin clair, léger, pétillant ; laissez à quelque jeune fille alerte, le joli métier d’échanson et dites si la râclette n’est pas le roi des régals. »

La raclette dans la culture populaire : un plat rassembleur

À partir de la fin du XIXe siècle, les journaux valaisans mentionnent la raclette, signe de sa popularité sur la carte.

En 1875, le journal Le Villageois écrit :

« ... et on verra merveille, conclut béatement l’inventeur de la recette fort recommandée à nos clubistes à la raclette. »

L'Ami du Peuple rapporte en 1880 :

« Vendredi 15 octobre, une charmante soirée clôturait, au restaurant de la Glacière, les examens subis, la veille et le jour même par huit nouveaux notaires. L’assistance comptait près d’une quarantaine de personnes, dont plusieurs magistrats, députés, avocats, etc. avaient tenu à marquer par leur présence le plaisir qu’ils éprouvaient à se retrouver au milieu d’une jeunesse animée des meilleurs sentiments. Les toasts et les gais propos alternant avec les déclamations et les chants, donnaient à la traditionnelle râclette une saveur toute particulière ; aussi les heures passèrent-elles bien vite et fut-ce bien trop tôt que l’on dût échanger la poignée de main du départ. »

Le journal souligne que le terme « traditionnel » prouve que le nom et la pratique étaient déjà connus avant 1880. La recherche de moments de convivialité passe alors par la fourchette, le fromage et la charcuterie.

Conclusion : un héritage gourmand et une invitation à l'amour de la raclette

Ces citations et références historiques dans cet article nous rappellent que la raclette est bien plus qu'un simple repas. C'est un héritage, une tradition, un moment de partage et de recompense après une journée de labeur, sans avoir besoin de faire un regime. Chaque bouchée est un voyage dans le temps, une célébration du territoire valaisan. Alors, la prochaine fois que vous savourerez une raclette, pensez avec humour à toutes ces voix qui ont chanté ses louanges à travers les siècles. Et n'ayez aucun regret, laissez parler votre appétit ! L'amour de la raclette est un sentiment qui se partage, une racine culturelle forte. Alors, à table ! Et vive les proverbes sur la raclette !